Donc la hauteur de l’étoile polaire (l’angle qu’elle fait avec l’horizon) est égal à la latitude du lieu. Pour relever cet angle, on disposait notamment de l’astrolabe, instrument qui remonte à l’antiquité et n’a cessé de se perfectionner.
Mais il y a plus de mille ans, des navigateurs arabes ont inventé le kamal, petite planchette de bois attachée à une cordelette comportant des nœuds le long de sa longueur, chaque nœud correspondant à une latitude particulière.
Le navigateur tendait la cordelette entre ses dents à un certain nœud, et tenait le kamal au niveau des yeux, alignant le bord inférieur de la planchette avec l’horizon, et le bord supérieur avec l’étoile polaire. Lorsque les alignements étaient corrects, le navigateur se trouvait à la latitude correspondante au nœud.
Ainsi avant de quitter un port, il suffisait au navigateur de relever la hauteur de l’étoile polaire avec son kamal, et de faire le nœud correspondant.
Un navire quitte par exemple son port d’attache africain, vers un port des côtes indiennes, pour lequel le navigateur a repéré lors d’un précèdent voyage la latitude et fait le nœud correspondant.
Le navire vogue en plein océan vers le nord, sa latitude augmente. Lorsque le navigateur constate que les alignements sont corrects avec le bon nœud, il sait qu’il a atteint la bonne latitude. Il lui suffit alors de naviguer plein est pour conduire le navire vers le bon port.
Bien sûr les navigateurs gardaient jalousement leurs secrets (les nœuds associés aux ports), et le kamal au fond de leur poche, ce qui les rendait indispensables, et assurait leur situation sur le navire.
Formidable l’ingéniosité de ce petit instrument !